« Les Visages de Dieu », bien que sorti après « Le Massacre des Innocents » est le premier tome de la série : « Les Chroniques barbares ». Pas d’inquiétude, ils peuvent se lire dans le désordre, chaque enquête étant indépendante. Quelle est donc l’histoire des ces visages divins ?
« Samedi 25 décembre ! Rouge, le père Noël rajuste sa barbe, verts, des sapins clignotent et, blanche, la neige tombe lentement sur des mises en scènes sanglantes. Celui que l’on a appelé « le maquilleur » travaille ses victimes comme un peintre ou un sculpteur en transformant chacune des scènes de crimes en œuvre d’art macabre. Pour parvenir à l’identifier et tenter de le capturer, Amédée Mallock, commissaire misanthrope devra tout envisager, et surtout le pire. Et si ce « maquilleur » était plusieurs ? Et s’il était immortel ? »
Dans ce livre, à bien y regarder, il n’y a plus guère que le diable qui croit en Dieu. L’iconoclaste détruit corps et visages, et fabrique pieusement des images. Le juste hurle et meurt. Le pardon de tous est recherché à travers la souffrance de chacun. Quant à Mallock, il devra attendre, comme le lecteur, la dernière ligne pour parvenir à résoudre une énigme particulièrement sophistiquée.
Lors de sa première parution en 1999 aux éditions du Seuil, j’avais été contraint de me limiter tant en nombre de pages qu’en développement… théologique. Lorsque j’ai eu l’opportunité de reprendre mes droits et de rééditer ce livre en 2010, je me suis donné l’obligation d’aller plus loin. Une question se posait : « Comment y parvenir ? » J’ai d’abord pensé qu’introduire les concepts de « rédemption et de réversibilité » serait difficile et que ça risquait de complexifier et intellectualiser le roman. Pour répondre aux codes de mes « Chroniques barbares » je devais également passer d’une structure en deux parties à un livre en trois actes. Mais, le droit du peintre au « repentir » m’était donné, avais-je le droit de laisser passer une telle occasion ?
Dans les faits, le second voyage a été tout aussi éprouvant qu’agréable. Agréable parce que je suis parti d’une matière qui existait déjà et que je pouvais modeler à merci ou conserver pieusement. C’était un peu comme pratiquer un « plagiat innocent », l’occasion de réécrire un peu de son passé, en lui apportant tout ce que le temps m’avait révélé sur mes personnages et l’art de pratiquer l’écriture. En un mot, j’ai adoré faire ce travail. De 200 pages, « les Visages de Dieu » est passé à 350. Peu de passages ont été épargnés par Mallock corrigeant Bruet-Ferreol.
Le résultat est encore plus barbare, plus théologique, et donc plus proche d’un but ultime que l’on n’atteindra jamais : le bouquin parfait !