Blog

Remis à mon éditeur pour une sortie en février 2014, « Le Sanctuaire des Corneille » (800 000 signes) est une SAGA historique-policière sur 7 siècles. Bien entendu, avec toujours le commissaire Amédée Mallock à la manœuvre pour défaire les nombreux nœuds de l’intrigue… En voilà la première page :

 1

 Lundi 14 juillet. Andernos-les-bains, midi.

Parfois, il faisait ça… souvent même. Regarder vers le ciel, pour le prendre à témoin. Bras ballants, cou tendu en direction des nuages, le commissaire Amédée Mallock tentait d’hypnotiser Dieu.

Il s’était réveillé ce matin avec une pensée étrange au sujet du divin bonhomme. Avant qu’il ne soit vieux et ne porte barbe, quelle avait été sa vie ? Les premiers pas de Dieu, ça ressemblait à quoi ? Nul ne nait vieux. Il avait donc était bébé, enfant puis petit garçon. Etait-il sagesse, ou lançait-il des pierres dans les fenêtres ? Savait-il déjà qu’il allait construire un univers et le planter de planètes ? Une Terre peuplée d’écailles, de plumes et de poils ? À l’adolescence, avait-il dessiné des déesses pour satisfaire ses désirs célestes ? Quand avait-il eu l’idée de créer des hommes à son image ? Dans quel miroir s’était-il regardé pour bâcler à ce point le travail ?

Imaginer l’enfance de Dieu occupa l’esprit d’Amédée pendant qu’il prenait son petit déjeuner.

Désormais, allongé sous son chêne, il observait l’agitation bruyante d’un couple de tourterelles. Trilles aigues, battements d’ailes, coups de becs, elles se rentraient carrément dans les plumes, tandis que, plus loin, troisième acteur de ce drame conjugal, un ramier à demi-collier noir se planquait lâchement. Amédée soupçonna une sombre histoire de ménage à trois, mais prit la sage décision de ne pas s’en mêler. Être allongé sur sa chaise longue préférée dès le 14 juillet, c’était pour lui une sorte de record. Et il avait décidé d’en profiter pleinement. Les tourments des hommes l’avaient déjà bien trop accablé durant l’année, pour qu’il prenne le risque aujourd’hui de s’immiscer dans des querelles de tourterelles.