Cadeau : extrait d’un roman à venir…
Ce 12 août 2003, la curiosité de la populace tomba sur un ennemi redoutable : la canicule. Après un printemps exceptionnellement sec et des températures qui flirtaient avec les trente degrés, l’été était parti pour battre tous les records et atteindre les 40°. Une chaleur causée, selon les oracles télévisuels, par trois choses : un anticyclone détaché du flux zonal, un écoulement d’air remontant d’Afrique et, bien entendu, désormais incontournable, le réchauffement médiatique.
Pour la nature et les agriculteurs, l’heure était grave. Pour le juge, c’était pire : une catastrophe. Il comptait absolument sur « son » procès pour faire le plein de notoriété – la nouvelle monnaie du nouveau siècle –, et se voir ouvrir les portes des médias. L’intense chaleur de ce mois d’août risquait de clairsemer les rangs des participants et de lui voler la vedette. Depuis 24 heures, l’actualité n’en avait plus que pour la canicule. À Paris, la température avait dépassé les 39° centigrades. Les médias adoraient les records, gage d’audimat. Les dernières mesures étaient encourageantes. Conqueyrac et Saint-Christol-lès-Alès avaient annoncé : 44,1°. Derrière, on avait eu un 43,9° dans le Lot, et du 40° un peu partout dans le sud de la France. Le concours national était lancé et tous les participants, tout en la redoutant, guettait la canicule. Sans parler du record de massacre de vieux, pour l’instant, 2 000 victimes par jour.
Enfoiré de gouvernement, vieillards imprévoyants, le juge en voulait au monde entier, aux hôpitaux comme aux voisins insoucieux, sans parler des climatiseurs défectueux.
Ce fût sous ces auspices d’accablement climatique que s’ouvrit le procès de Lothar Grünnes. Au grand soulagement du juge Crespin et de son porte-parole l’avocat général Tixier Virgy-Pommel, la curiosité prévalut sur la canicule et le Palais de Justice de Bordeaux refusa du monde. Prime aux sycophantes et autres fouille-merde, l’épaisseur des murs en pierres taillées de la grande bâtisse la protégeait en partie de la chaleur du dehors.
Léo prit ce jour-là son premier bain de multitude. L’une des rares formes de solitude qu’il n’avait pas encore expérimentée. Se sachant innocent, il se sentait confiant. La justice fait toujours ça à ceux qui ne la connaissent pas.
Hou ben ça donne bien envie tout ça ! Vivement la suite alors 😉
ça vient, ça vient ! En tout cas, c’est écrit, c’est déjà ça ^^