Mallock 1993 :
« J’écris pour moi, aujourd’hui, pour le salut de mon cœur, comme on s’inflige un lavement, une purge, le changement matinal des pansements, le passage du coton d’éther sur les plaies avant de dormir. Je grave mes mots, les uns après les autres, comme on pisse après avoir bu, comme on saigne après le passage émouvant du couteau. Aujourd’hui, moi qui n’ai jamais jalousé l’autre, voilà que je me mets à en vouloir aux bêlements humanitaires des raconteurs de rien, aux best-vendeurs estivaux qui vendent leur médiocrité par milliers, à tous ces animaux littéraires à but cathodique et à usage unique. Aux pisseuses trashs, harpies rouges ou veuves noires, grandes avaleuses de gloire, de fruits flasques et de foutre, egos et lèvres hypertrophiés, qui pensent que leur trou du ventre est le nombril du Monde. Aux précieux ridicules, piliers de Pivots, branleurs d’ego, idéologues pour gogues, ducons en jabots, histrions hystériques, rebelles bêlants, sycophantes manichéistes, vaniteux en velours, tous ces lécheurs de boules, avec leurs pages blanches et le devoir qu’ils se donnent de devoir les salir. Aujourd’hui, je les méprise et les égorge, car ce qu’ils font, en nom d’auteur, ils le font sans hauteur, par seul souci d’orgueil et de commerce. Bachi-bouzouks, fesses d’huîtres, qu’il soit en lavallière ou en jeans, maudit ou arriviste, scarifiés, tarifés, starifiés, avec ou sans clito, l’écrivain n’existe pas… seule l’écriture existe. J’écris pour moi, aujourd’hui, pour le salut de mon cœur, comme on s’inflige un lavement, une purge, le changement matinal des pansements… »
On dirait presque du Capitaine Haddock… C’était si chaud que ça en 93 ? 😉