Mi-muscle, mi-graisse, mi-Rambo, mi-Rimbaud, mi-Jaguar, mi-Peugeot, Mallock était un être paradoxal. Rat des villes et rat des champs, cultivé et cul-terreux, d’argile et d’acier, anachorète contrarié vivant parmi les hommes, Amédée était principalement constitué d’excès. Bavard silencieux, brute tendre, force fragile… tous ceux qui tentaient de faire un portrait juste et fidèle du commissaire étaient le plus souvent contraints à l’oxymore.
Ce matin-là, Amédée s’était réveillé en ressassant les morts du Japon, ceux qu’il n’avait pas réussi à empêcher lors de son enquête (cf. Le principe de Parcimonie). Comme Christian, le père de Luna, il avait refait la partie, espérant à chaque fois un nouveau dénouement. S’ils avaient attaqué différemment ? Sans attendre ? S’il avait repoussé Renaud d’Harcourt et foncé directement dans l’escalier comme il en avait eu l’intention ? L’épilogue n’aurait-il pas été différent ? Certes il serait mort, mais encore ?