On parle souvent de la peur de ne pas trouver un éditeur. Des envois désespérés par la poste. Des lettres types qui répondent à sa place. On parle moins souvent de la peur de la vitrine. Celle-là, ce n’est pas l’auteur qui la ressent, c’est le livre lui-même. Arrivé tout frais pressé, tout fier dans ses habits de lumière, le voilà qui attend au fond de sa boîte en carton les bras solides ou les jolies mains qui le mettront derrière la vitrine sous les néons de la gloire. Mais voilà, on ne l’attend pas, pas lui en tout cas, et il reste parfois au cachot pendant des jours et des semaines, lui qui pensait déjà être désiré, le con. Puis un jour, forcément, on finit par ouvrir le carton, surtout qu'il encombre, et emporter les livres endormis sur le devant de la scène… Mais je vais plutôt laisser mon livre, « Le massacre des innocents », désormais un vieux de la vieille, vous raconter directement ce qui lui est arrivé et la peur qui…