Pourquoi écrire un livre avec vue sur la mer ? Pourquoi vouloir absolument retrouver hier ? Y contempler l'été avec des yeux d'hivers ? Se complaire ainsi en des choses douces-amères ? Par nostalgie ? Parce qu'aujourd'hui n'aurait pas tenu ses promesses ? Non, pas vraiment, ou oui, mais pas seulement. Simplement, parce qu'un jour, qu'on le veuille ou non, on se retourne. Et, mains derrière le dos, tête levée, tout à la fois ébloui et ému, on revisite notre passé. Et de ce passé, comme l'on faisait hier de nos genoux turbulents, on en gratte la croûte jusqu'au sang. Moi, bien plus souvent qu'il n'eut été raisonnable, Tartarin de safari, là-bas, je suis reparti. Un jour, j’ai découvert que vous y étiez aussi. J'ai alors compris que nous partagions le même album d'enfance, le même grand rêve fané, avec les mêmes dessins tremblants, les mêmes gouaches troublées, les mêmes nostalgies, un même cœur serré. Ce petit garçon qui tente de vider la mer, cette fillette à natte d’or, ce parasol, ces vagues à l’agonie, ces algues malodorantes, ce sable adorable, ce ponton et cette digue qui tangue, ces esquisses aquarellées, ce mélange émouvant de pixels et de pastel, de fusains charbonneux et de pigments éclatant, ce sont nos souvenirs incertains entre Mélancolie-sur-Mer et Nostalgie-les-Bains.